La maîtrise des coûts de santé au Cameroun

La santé n’a pas de prix, c’est bien connu, mais elle a un coût. Aussi, il est important de compter et de savoir gérer les frais de santé lorsque l’on emploie des salariés. Les situations sont très différentes selon le système de santé de chaque pays. Au Cameroun, l’amélioration et la restructuration du système santé constituent les priorités du gouvernement pour permettre à tous les habitants d’accéder aux soins, dans les meilleures conditions.

Le système de santé du Cameroun

Le Cameroun doit concilier plusieurs missions : l’accès aux soins pour l’ensemble de la population, en même temps que mener des programmes de lutte contre différentes maladies avec des actions de prévention mais aussi des opérations de promotion de la santé.
Le système de santé s’articule autour de quatre secteurs par ordre d’importance :

  • le secteur public : hôpitaux publics, centres de Santé, dispensaires et autres structures sanitaires gérées par le Ministère de la santé ;
  • le secteur privé à but lucratif : cliniques, centres médicaux spécialisés ou non, officines de pharmacie, laboratoires d’analyses, centres de rééducation ;
  • le secteur privé à but non lucratif géré par des associations ou des ONG ;
  • le secteur de la médecine traditionnelle qui joue un rôle important auprès de la population.

Ces structures de soin se retrouvent au niveau national, régional et périphérique

Les Grands hôpitaux : les établissements de catégorie 1 et 2 peuvent prodiguer des soins de santé spécialisés et de haut niveau. Ce sont aussi des centres de formations pour le personnel technique et les étudiants en médecine et autres métiers paramédicaux. Il y a les hôpitaux dits de référence, les hôpitaux généraux et les hôpitaux centraux.

Les hôpitaux régionaux et assimilés ainsi que les centres d’approvisionnement pharmaceutiques régionaux sont à un autre niveau.

Enfin, il existe des hôpitaux de district, des cliniques, des centres médicaux et des cabinets de soins.

En valeur absolue, le nombre de formations sanitaires au niveau opérationnel est satisfaisant, mais leur répartition géographique dans le pays n’est pas équilibrée entre les différentes régions et même entre les districts de santé, avec comme caractéristique notable la très forte concentration des moyens dans les 2 principales villes du pays, Yaoundé et Douala. Cette situation est aggravée par l’insuffisance qualitative et quantitative des plateaux techniques qui limite l’utilisation de ces formations sanitaires.

Les professionnels de santé au Cameroun

Le corps médical au Cameroun

Des chiffres sont disponibles auprès du Ministère de la Santé. De ces informations se dégagent les ratios suivants : 1 infirmier pour 3 157 habitants et 1 médecin pour 11 335 habitants au niveau national dans le sous-secteur public. Mais ces moyennes masquent des disparités régionales. « En effet, la comparaison entre les régions fait état d’un ratio de 01 médecin pour 3.657 habitants et 01 infirmier pour 2 253 habitants pour le Centre. Pour ce qui est de la répartition des personnels par région, le Centre, le Littoral et l’Ouest, à travers les grandes villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam, regroupent plus de 55% des personnels contre 10% seulement pour les régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Sud ».

Le réseau de pharmacies et laboratoires d’analyse au Cameroun

En général, l’achat des médicaments et consommables médicaux représente près de 40% des dépenses courantes de santé, en 2013.
En ce qui concerne la distribution des médicaments, le ratio pharmacien par habitant varie de 01 pour 6 920 à 01 pour 17 7051 habitants avec une répartition inégale entre les milieux rural et urbain.

Certains produits médicamenteux sont délivrés gratuitement (antituberculeux, antirétroviraux de 1ère et 2nde lignes, combinaisons antipaludiques ACT, dérivés de l’artémisinine injectables pour les enfants de 0 à 5 ans, anti-lépromateux, etc.). D’autres médicaments sont disponibles à un moindre coût (kits obstétricaux, contraceptifs, insulines, antipaludiques etc.).

Le coût des prestations des laboratoires d’analyses médicales privés généralement situés dans les grandes villes est souvent hors de portée des populations moyennes. En dehors des laboratoires des hôpitaux de 1ère et de 2ème catégorie, les équipements disponibles ne permettent pas toujours de réaliser les activités de laboratoire correspondant au Paquet Minimum d’Activités.

Le système d’assurance maladie au Cameroun

Au Cameroun, il n’existe pour le moment aucun organisme chargé de gérer ou de coordonner l’assurance maladie. L’absence de couverture médicale est une des difficultés majeures d’accès aux soins et la prise en charge des frais médicaux est le plus souvent assurée par la famille ou les amis.

La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) n’est pas un mécanisme d’assurance maladie car selon les missions qui lui sont définies, elle couvre trois branches de la sécurité sociale, à savoir :

  • les prestations familiales ;
  • les pensions vieillesse, d’invalidité et de décès ;
  • et les risques professionnels.

Les dépenses de santé par paiement direct

Les dépenses de santé des ménages sont constituées à près de 97% des paiements directs au point de contact avec l’offre de soins ; seulement 3% de ces dépenses passent par des mécanismes de mutualisation du risque ou de tiers. Cette situation est particulièrement inéquitable pour l’utilisation des services de santé par les Camerounais. Cela expose aussi les ménages à des dépenses très élevées. Mais cela s’explique par le peu de financement de la part de l’Etat et le faible développement des mécanismes de partage de risque maladie, que l’on peut connaitre dans tous les systèmes de protection médicale.

Mécanismes de partage des risques de santé et son financement

Le mécanisme de l’Assurance maladie est un partage des risques qui se compensent entre eux, c’est la mutualisation des risques. Ainsi l’ensemble de la population cotise pour le risque d’être malade, que cela se produise ou pas.
Toujours selon l’étude du Ministère de la Santé du Cameroun, il existait en 2010, 158 mutuelles de santé qui ne couvraient que 1,3 % de la population nationale. « En 2014, il ne restait plus que 43 mutuelles actives couvrant 63 000 personnes, soit 0.2% de la population nationale. L’affiliation à une mutuelle se fait sur la base du volontariat pour une contribution annuelle de 3 000 à 5 000 FCFA par personne. Une contribution de 10 à 50% des frais des services de santé est à la charge du patient, le reste étant supporté par la mutuelle. »

Financement de la santé

Au Cameroun, d’après les dernières estimations datant de 2012, la dépense totale de santé s’élevait à 728,1 milliards FCFA avec un taux très élevé de la contribution des ménages par paiement direct estimé à 70 %.
Le Cameroun n’a pas encore de véritable plan stratégique national pour le financement de la santé. Les différentes fonctions du financement ne répondent pas jusqu’ici à un plan national, il s’agit de :

  • collecte des ressources ;
  • mécanismes de partage des risques ;
  • achat des services de santé.

Cependant, de nombreux programmes et projets ont élaboré des stratégies de financement. C’est le cas notamment du PPAC (Plan PluriAnnuel Complet), du PEV et de la stratégie de financement du VIH/SIDA. Le financement de la santé sera présenté à travers ses trois fonctions citées plus haut.

Depuis 2016, le Cameroun a annoncé vouloir se doter d’une couverture de santé universelle, proche de celle qui existe en France. C’est une grande avancée mais qui nécessite la mobilisation de sommes importantes.

Les entreprises responsables de la bonne santé de leurs salariés peuvent souscrire à une assurance particulière. Cela permet à tous les employés de bénéficier de soins adaptés dans les meilleurs délais au sein d’un réseau d’établissements de soins performants.